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Soutenance de thèse « EXPOSITIONS ; JE DILATÉ, IMAGES LIQUIDES ET PLANTES CARNIVORES »

Doctorat SACRe (science art création recherche) – arts visuels
Université Paris Sciences et Lettres (PSL) / Beaux-Arts de Paris (ENSBA)
École doctorale 540 : Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales

SOUTENANCE EN FRANÇAIS, OUVERTE AU PUBLIC
le 20 décembre 2019 à 14h00

Beaux-Arts de Paris
La Salle du Conseil
14 rue Bonaparte, 75006 Paris
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COMPOSITION DU JURY
M. Dominique FIGARELLA / Encadrant artiste / Beaux-Arts de Paris (ENSBA)
Mme Marianne JAKOBI / rapportrice / Professeure d’histoire de l’art contemporain / Université Clermont Auvergne
Mme Monique JEUDY-BALLINI / Anthropologue / CNRS Collège de France
Mme Guitemie MALDONADO / Directrice de thèse / Beaux-Arts de Paris (ENSBA)
Mme Valérie MAVRIDORAKIS / rapportrice / Professeure d’histoire de l’art contemporain / Université Paris-Sorbonne
Mme Katharina SCHMIDT / Artiste / École supérieure d’art et de design Marseille-Méditerranée Examinatrice
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La thèse SACRe, intitulée « Expositions ; je dilaté, images liquides et plantes carnivores », a pris forme dans l’exposition « Darlingtonia, la plante cobra » à la galerie Edouard-Manet à Gennevilliers et dans la pièce Paysage avec peinture et deux bouches au Centre d’art de l’Onde à Vélizy, ainsi que dans le portfolio, une édition composée de deux cahiers, 2014-2019 et Appendice.

Cet éclatement de la thèse en différentes formes – dont chacune est une tentacule de la précédente, où les deux expositions sont reliées entre elles et à d’autres encore par diverses ficelles, s’enracinent dans la vie, se ramifient dans un tissu social, font écho à une histoire des expositions, et dont le portfolio est encore une projection – cet éclatement rend compte d’un processus dont on ne peut pas fixer les limites. La thèse ne conclut donc pas les cinq années de recherche mais elle est un fragment qui parle pour un tout en perpétuelle métamorphose. La soutenance sera un moment où nous allons nous pencher ensemble sur ce fragment.

Il y sera question des expositions inclusives ou formes sympoïétiques[1], de nous, ce « je qui s’est dilaté[2] » comme des pupilles par l’amour, le désir ou l’hallucination, de la photographie d’exposition dans son champ élargi, de l’appropriation, de la peinture, des images liquides, des artistes et des œuvres, de l’adresse, des chèvres, du décor, et des plantes carnivores, peut-être.

L’exposition « Darlingtonia, la plante cobra » propose une circulation entre trois salles, trois ambiances différentes et trois titres frôlant le mauvais genre, avec Cabin Porn et Eight Eyes of Darkness, où des œuvres originales d’artistes invité.e.s, venant eux.elles-mêmes de différents champs de l’art, se présentent au sein des dispositifs élaborés et transformés par moi-même au cours de l’exposition. Elle inclut également des vues d’œuvres, Carnivores, photographiées dans un décor en studio, et dans la forêt (Sunday Display, Wavy Edges, Prague, 2017).

La pièce Paysage avec peinture et deux bouches présente, sur une structure formée par des châssis de peinture, des images imprimées sur coton, jusqu’alors documentaires, de Darlingtonia, la plante cobra, et d’autres expositions (All Available Light, Pantin, 2017 et Sol LeWitt for Goats, Annemasse, 2016) à différents moments de leur production.

2014-2019, le premier cahier du portfolio donne à voir une sélection des travaux réalisés dans la période du doctorat, soit le flux des formes qui ont façonné la recherche dont l’exposition est le centre et la marge, la matière et le motif, la méthode et l’expérience. Les notes en bas de page sont développées dans l’Appendice, le second cahier, regroupant des références bibliographiques et iconographiques, des documents et d’autres informations complémentaires.

Les images qui constituent le matériau manipulé sur les pages de cette édition, sont souvent les seules traces résiduelles des expositions.

Certaines d’entre elles produites sous prétexte documentaire, émergent dans d’autres expositions. Déplacées, extraites à nouveau, décollées des murs, agglomérées, incorporées, juxtaposées, elles acquièrent une nouvelle légende, en demeurant toujours archives d’elles-mêmes et de ce qu’elles représentent. L’image-document, l’image-pièce, l’image-matériau, l’image-support, l’image-déchet. Les images liquides, parce qu’elles s’écoulent d’une exposition à une autre, glissent d’un support à un autre, fuitent d’un état à un autre.

Les œuvres d’artistes invité·e·s ont une place centrale. Arrangées, à l’intersection de deux ensembles (celui de leur recherche et de la mienne), elles gardent leur autonomie tout en étant intégrées, voire absorbées par le corpus nouvellement constitué. Elles « varient » momentanément, par le biais du décor, de l’éclairage ou de la densité du réseau qu’elles forment avec les autres entités. Le décor quant à lui s’épanouit au contact de ces œuvres. Loin d’être une coquille vide, il déborde parfois, tout en jouant le rôle du support et de la contre-forme, l’ensemble englobant, complémentaire et disponible. Cependant le temps d’une prise de vue, il peut s’avérer une forme autonome.

L’invitation d’artistes dans mon travail est une pratique capitale. L’exposition ainsi réalisée n’est plus solo ni collective, elle se présente au-delà de ces catégories. Elle est un vecteur de relation indissociable de sa dimension économique et institutionnelle et s’engage dans une recherche d’émancipation toujours renouvelée.


[1] Donna J. Haraway, Sympoiesis, Symbiogenesis and the Lively Arts of Staying with the Trouble in « Staying with the Trouble: Making Kin in the Chthulucene », Duke University press Durham and London, 2016.

[2] Marielle Macé, « Nouons-nous ». Autour d’un pronom politique, Critique, Minuit, 2017/6 n° 841-842.