Au cœur de l’église Saint-Martin-des-Champs du Musée des arts et métiers, à quelques mètres du pendule de Foucault, Émile de Visscher* a soutenu le lundi 26 novembre 2018 sa thèse « Manufactures technophaniques ». Le jury, les spectateurs et lui-même avaient en vue les machines, matières et outils que le doctorant avait créés dans le cadre et pour le compte de sa recherche. Après quatre heures de soutenance qui lui ont permis de revenir sur sa démarche et de répondre aux questions des membres du jury, ce designer formé à SACRe dans le cadre du groupe Symbiose de l’EnsadLab a été reçu au grade de Docteur de l’université PSL.
La crise écologique, une méconnaissance des choses qui tend à nous déresponsabiliser de leur production et de nos achats, la non intégration du savoir technique à la culture populaire constituent quelques-uns des points d’ancrage de la démarche scientifique et artistique d’Émile de Visscher. La question qu’il pose à travers les manufactures technophaniques, concept emprunté à Simondon qui l’avance de façon apparemment incidentelle dans Psychosociologie de la technicité : serait-il possible de produire des techniques capables de nous intéresser, sans culture préalable nécessaire ? Peut-on imaginer des procédés techniques qui gardent leur vulgarité tout en présentant des capacités de socialisation ?
À partir d’un ensemble de critères (parmi lesquels : compréhensibilité de l’activité mécanique, perceptibilité de l’échelle d’application, vecteur de convivialité, intelligence du geste technique), Émile de Visscher a développé un certain nombre de procédés et de machines (machine de transformation du plastique en fibre aux allures de machine de barbe-à-papa, transformation de matière organique en matière inorganique, machine à fabriquer des perles) dont l’ambition est de révéler la triple dimension d’une machine : technique, esthétique et symbolique.
Le jury était composé de : Patrick Renaud (EnsAD), Samuel Bianchini (EnsAD, directeur de thèse), Sophie Houdart (LESC, Université Paris Nanterre), Yves Winkin (Musée des arts et métiers), Lynn Hugues (Concordia University), Roger Malina (EnsAD, codirecteur de thèse), Emanuele Quinz (Paris 8).
L’exposition de soutenance, « Nouvelles manufactures », est accessible jusqu’au 02 décembre 2018.