Ce projet de thèse n’a jamais eu de sujet de recherche à proprement parler, mais plutôt un objet, un point d’ancrage, une attache géographique que j’ai choisi pour graviter autour : Kaliningrad. Anciennement partie de la Prusse Orientale, la région revient à l’URSS en 1945 à l’issue de la Seconde guerre mondiale, lorsque cette province allemande est divisée entre trois pays: l’URSS, la Lituanie et la Pologne. Sa capitale, Königsberg, est alors renommée Kaliningrad, en référence à Mikhaïl Kalinine, un des collaborateurs de Staline. En 1991, quand le bloc soviétique éclate, la région se retrouve séparée du territoire principal de la Russie par deux frontières. Désormais, c’est une enclave russe au milieu de l’Europe de l’Est.
Mon projet de thèse, K, propose une forme de visualisation et d’interprétation plastique d’une recherche dont la figure centrale est celle du terrain vague, empreint successivement de la tentative de table rase du passé européen et du fiasco que connait ici le projet soviétique. C’est un lieu réel et en même temps métaphorique: le cœur de la capitale de la région et à la fois le modèle réduit de l’enclave de Kaliningrad.
Les images obtenues via diverses formes d’arpentage du territoire, tendent, d’une part, à en donner une vision d’ensemble, où l’on devine le paysage d’avant, désassemblé. D’autre part, le projet déploie 7 narrations parallèles, constituées d’images et de mots, dédiées au paysage d’après coup.
Le projet se partage en deux formes: l’édition et l’exposition, cette dernière étant composée à la fois d’œuvres conçues à partir de la matière documentaire collectée sur place et à distance et passée par un montage, ainsi que de documents bruts. Par ce montage d’éléments trouvés, j’ai essayé d’échapper à la chronologie historique pour proposer un récit qui s’articule autrement – par correspondances et analogies visuelles, par échos et répétitions intertemporelles, par anticipations et rattrapages. L’édition joue le rôle d’introduction sinon d’annexe de l’exposition, le projet se découvre ainsi en deux temps, intervertibles.
La soutenance se tiendra à 10h en la salle du Conseil des Beaux-Arts de Paris.