Project Description
Coordination Chloé Galibert-Laîné et Chloé Lavalette (doctorantes SACRe, ENS)
Chaque fois que nous présentons nos recherches en public, nous effectuons une performance qui implique notre présence, notre voix et notre corps dans un espace et un temps partagés avec ceux et celles qui nous écoutent. Admettre que le partage du savoir est d’abord une expérience sensible, c’est reconnaître que différentes formes de pensée appellent différentes modalités de partage. Comment pouvons-nous repenser, détourner ou renouveler les médiums que nous utilisons ?
Si la pensée est toujours incarnée, quelles sont les différentes manières de la partager ? La spécificité de la performance comme discipline artistique, et les théories de la performance nous fournissent des outils précieux pour repenser la situation du chercheur présentant ses travaux en public. Le rapport de la performance à la présence partagée invite en effet à mettre entre parenthèses les questions de légitimité et de technicité en vigueur aussi bien dans le monde de l’art que dans celui de l’université, pour explorer collectivement de nouvelles pratiques de partage du savoir à partir d’une prise en compte des matériaux à la portée de celui qui présente ses recherches : un espace, une voix, une présence physique, des images…
Les séances suivent un protocole propre au séminaire. Après avoir présenté sa démarche, la personne animant la séance propose aux participants de l’atelier un exercice les invitant à se réapproprier un ou plusieurs outils et à l’incorporer à sa propre recherche. Ces performances improvisées sur nos recherches personnelles, réalisées devant le groupe après un moment de réflexion solitaire ou à plusieurs, permettent de sortir de nos routines méthodologiques, d’exposer la vulnérabilité d’une pensée en train de se faire, de se surprendre à inventer de nouvelles articulations, de nouvelles manières de partager notre recherche avec un public non initié.
Année 2018-2019
- 9 novembre : Performer la pensée avec Chloé Déchery (artiste de performance, maîtresse de conférence à Paris-8). Présentation de Premières, projet en cours sur les avatars.
- 30 novembre : Performer la pensée avec Daniel Cockburn (cinéaste, artiste vidéo). Projection de The other shoe et de The Argument, et lecture-performance : All the mistakes I’ve made. Voir la fiche agenda
- 7 décembre : Performer la pensée avec aalliicceelleessccaannnnee&ssoonniiaaddeerrzzyyppoollsskkii (duo d’Alice Lescanne, doctorante SACRe ENSBA) : Portes ouvertes de l’École des Hautes études en sciences du langage capillaire, performance suivie d’un atelier.
- 15 mars : Performer la pensée avec Frédéric Davos (Encyclopédie de la Parole). Atelier de restitution d’après des sources choisies dans le catalogue de l’Encyclopédie de la Parole.
- 25-26 mai : Week-end de recherche collaborative au Studio-Théâtre de Vitry
Face à l’image : zones intimes de la recherche
Qu’elle soit artistique ou académique, qu’elle se concrétise par la production d’œuvres sensibles ou par une pratique d’analyse à visée plus théorique, la recherche nous implique tou·te·s entièr·e·s, et les zones d’intérêt qu’elle explore occupent aussi bien nos imaginaires et nos corps que nos journées de travail. Nos émotions, perceptions, sensations, nous guident dans la construction d’un langage qui vise à partager nos objets et leurs enjeux avec d’autres. Dans cette visée de partage public, nous ne cessons de chercher le juste équilibre entre le personnel et le collectif, l’intime et l’universel, le ressenti et l’objectif. Les épistémologies féministes nous ont appris que les savoirs sont toujours « situés ». Mais que faisons-nous vraiment, dans nos pratiques, de l’adage « le personnel est politique » ? Quels ferments de nous-mêmes agissent sur nos choix d’artistes et de chercheu.r.se.s, sans jamais être reconnus comme tels ?
L’intention de ce moment de recherche collaborative est d’interroger ensemble les effets de pudeur et d’impudeur dans nos processus de travail : non pas pour nous dévoiler au complet mais pour laisser une place à l’obscur et l’incertain, exposer ce qui ne se laisse pas facilement rationaliser, faire jouer la vulnérabilité comme espace de pensée et de création.
Dans le cadre de ce week-end, nous proposons d’explorer le médium de l’image – fixe ou en mouvement – comme point de départ pour convoquer ces zones obscures de nos recherches. Chaque participant·e sera invité·e à apporter une image en lien avec sa recherche du moment – une image qui le ou la touche, dérange ou trouble, et sur laquelle i·elle n’a pas encore travaillé de manière approfondie. Cette image pourra provenir de n’importe quelle source et se présenter sur n’importe quel format : photographie d’archive, dessin personnel, schéma, reproduction d’une œuvre picturale, ou encore plan de cinéma, film de famille, vidéo issue d’Internet, image mentale…
À partir des recherches et des compétences de chacun.e, nous alternerons des moments de travail en solo et en petits groupes, des discussions en plénière et des exercices performatifs donnant lieu à des restitutions. Chacun.e sera libre de proposer ce qu’i.elle souhaite, microperformance, vidéo, protocole… La possibilité d’une restitution publique ou d’une publication conjointe des formes produites pendant la résidence sera discutée avec les participant·e·s.
Cet atelier est ouvert à tou.te.s ceux et celles qui combinent, superposent ou alternent, une démarche de recherche et de création. Il requiert une bonne capacité d’autonomie et de proposition. Une tenue souple est recommandée.
Modalités pratiques
Horaires : de 10h à 18h le samedi et de 12h à 18h le dimanche
Nombre de participant.e.s : 10
Pour participer, merci de nous écrire à l’adresse chloe_gl@hotmail.fr jusqu’au 15 mai, en mentionnant ce qui vous motive à participer au workshop, et en présentant brièvement votre recherche (5-10 lignes max).
Le studio-théâtre de Vitry
18 avenue de l’Insurrection, 94400 Vitry-sur-Seine
Localisation et accès : https://www.studiotheatre.fr/en-pratique