Les Beaux-Arts de Paris, en partenariat avec La Fémis, dans le cadre du programme doctoral SACRe/PSL, organisent deux journées de rencontres autour de l’histoire et des pratiques contemporaines de l’exposition. L’importance croissante de l’exposition en tant que forme et dispositif, voire en tant qu’œuvre à part entière, son ampleur dans le discours sur l’art, ainsi que les développements des recherches sur l’histoire des expositions sont les moteurs de ces deux journées.
Journée 1 – Beaux-Arts de Paris
Amphithéâtre d’Honneur, mercredi 4 décembre 2019
De la même manière qu’il existe différents niveaux d’organisation en biologie — la cellule, le tissu, l’organe — il y aurait, dans l’art, différentes échelles de production, d’observation et d’analyse. L’histoire de l’art s’est longtemps jouée à l’échelle des œuvres, des artistes ou des mouvements artistiques. Or, depuis une vingtaine d’années, de nombreuses études ont vu passer l’exposition d’une position de second plan à un rôle plus central dans lequel lui est reconnu un pouvoir d’inflexion sur l’œuvre et concédé un statut de technique, de genre, voire de forme artistique autonome qui l’arrache à sa passivité ou à sa neutralité supposées.
En retour, l’œuvre d’art s’en trouve relativisée et son existence pleine semble remise en cause hors des
circonstances de son exposition. Cette perspective renouvelée — qui promet l’articulation de l’histoire de l’art aux conditions matérielles, institutionnelles ou culturelles de sa production — fait de l’exposition le site où l’histoire de l’art s’écrit et s’éprouve. L’exposition est devenue, dans cette courte période, la catégorie hégémonique par laquelle l’art est désigné, diffusé ou pensé. Les historiens prennent désormais les expositions pour sujets d’étude, les artistes et les commissaires en rejouent les grands modèles pendant que les musées entreprennent le recensement de véritables catalogues raisonnés de leurs expositions comme ils le faisaient jusque-là pour leurs collections.
Pour approcher collectivement cette “échelle” de l’exposition, sont conviés aux Beaux-Arts de Paris six personnalités qui ont toutes abordé l’exposition sous un angle particulier : l’historien de l’art Vincent Normand dresse une histoire parallèle des formats d’exposition et des catégories de pensée de la modernité occidentale. Deux conservatrices de musée, Anna Pravdová et Penelope Curtis, reviennent sur deux projets récents qui consistent à écrire ou à réécrire une histoire de l’art fondée, plutôt que sur un principe de tamis rétrospectif, sur les circonstances institutionnelles et muséographiques d’émergence des œuvres. Les artistes Isabelle Cornaro, Benoît Maire et Harald Thys ont récemment été scénographes ou commissaires de leur propre travail ou de celui d’autres artistes, designers, artisans ou architectes. L’exposition apparaît chez eux comme une technique spéculative, au-delà d’un simple mode de présentation. Elle s’y déploie sous ses différentes facettes — comme forme, comme dispositif, comme circonstance — sur une ligne de partage dynamique entre l’œuvre, ses conditions d’existence et son cadre d’apparition.
Journée 2 – La Fémis
En raison des grèves annoncées, la journée initialement prévue le 5 décembre est reportée à une date ultérieure en janvier ou février 2020.