Les Rencontres SACRe

Les Rencontres SACRe2024-09-02T13:45:53+00:00

Les Rencontres SACRe

Pratiques de recherche et de création aujourd’hui

La rencontre entre recherche et création prend aujourd’hui de multiples formes. Sur le plan de la recherche, les pratiques artistiques permettent d’articuler une approche sensible, intime, subjective, fictionnelle ou fabulée, aux nécessités de l’enquête, à la prégnance du terrain, aux enjeux de connaissance ou à la capacité heuristique. Sur le plan artistique, le paradigme de la recherche a pu accompagner le « retour du réel » dans l’art contemporain, la montée en puissance de pratiques documentaires dans les arts, l’élan des projets à l’interface entre arts et sciences, le renouveau des approches conceptuelles ou critiques, ou encore la confluence entre pratiques artistiques et engagements sociaux. Pour les artistes comme pour les chercheurs, il parait essentiel de développer cette capacité à faire confiance aux outils de la création. Il est important, en outre, de placer la recherche-création au centre de questionnements politiques d’actualité, d’articuler ce mode de recherche avec les grandes remises en perspective contemporaines que sont, par exemple, la crise environnementale, le renouveau féministe ou le décolonialisme. La convergence entre les pratiques de recherche et artistique apporte d’autres manières de comprendre le monde et de le rendre sensible.

Dans l’enseignement supérieur, les multiples manières d’associer recherche et création nous semblent aujourd’hui un enjeu majeur des formations au sein des écoles supérieures d’art, des ENS et des filières artistiques à l’université.  C’est pourquoi nous proposons, au nom du programme SACRe, pionnier depuis une décennie en matière de recherche-création en France, et au moment où il élargit son champ d’actions du niveau doctoral au niveau master, d’ouvrir la réflexion, sur toutes ces manières de chercher-créer au cœur des grands enjeux contemporains. Ce cycle de rencontres se propose ainsi d’aborder certaines modalités de ces interactions, en donnant la parole à des artistes, designers, cinéastes, compositeurs.trices, architectes, ou metteurs.euses en scène, comme à des chercheurs.euses, penseurs.seuses et acteurs.trices du monde de l’art, invité.e.s à évoquer leur manière singulière de pratiquer le dialogue entre recherche et création.

Ce cycle ne se donne pas pour horizon de proposer une méthode ou une définition univoque de la recherche-création, mais plutôt d’explorer, à travers des exemples contemporains venus de différents arts, des pratiques de création et de recherche nécessairement situées. Il s’agit de contribuer à éclaircir la notion et les pratiques de recherche-création, de dresser un état des lieux, des enjeux et de proposer des perspectives, en l’illustrant par des exemples récents, parfois fondateurs, qui témoignent de la vitalité des pratiques conjuguant la réflexion théorique et l’expérimentation artiste. Sachant qu’aucun exemple n’est exclusif : les chemins de la recherche-création sont variés et témoignent de sa richesse. Montrer, en définitive, comment penser et créer peuvent se conjuguer au présent des questions du monde.

Antoine de Baecque (ENS-PSL) et Barbara Turquier (La Fémis) co-dirigent le laboratoire SACRe et le programme gradué Arts de l’Université PSL.

Calendrier 2021-2022

  • 26 novembre | 14h-17h : Rencontre avec Philippe Quesne, à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs
  • 17 décembre | 14h-17h : Rencontre avec Philippe Descola et Eliza Levy, à l’École Normale Supérieure – PSL
  • 28 janvier | 14h-17h : Rencontre avec Frédérique Aït-Touati et Bruno Latour, à l’École nationale des chartes – PSL (séance reportée ultérieurement)
  • 17 février | 16h-19h : Rencontre avec Clément Cogitore, à l’École Normale Supérieure – PSL
  • 18 mars | 14h-17h : Rencontre avec Laura Mulvey, à la Fémis
  • 25 mai | 15h30-18h : Rencontre avec Marion Boudier et Guillaume Mazeau, à l’École nationale des chartes – PSL
  • 17 juin | 14h-17h : Rencontre avec Tim Ingold, aux Beaux-Arts de Paris

Ce cycle de Rencontres se déploiera au fil de l’année 2021-2022. Chaque rencontre associera des artistes venus de différents champs artistiques ou des penseurs.euses impliqué.e.s dans une démarche de recherche-création, et sera modéré par des doctorant.e.s ou membres du laboratoire SACRe.

Calendrier 2022-2023

  • 28 septembre | 17h-19h : Rencontre avec Simon Schaffer, à l’École Normale Supérieure – PSL
  • 14 octobre | 14h30-17h : Rencontre avec Marcus Lindeen, à la Fémis
  • 25 novembre | 14h-17h : Rencontre avec Joanna Hadjithomas et Khalil Joreige, à l’École normale supérieure – PSL
  • 3 février | 14h-17h : Rencontre avec Stefan Kaegi, au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique – PSL
  • 31 mars | 14h-17h : Rencontre avec Fanny de Chaillé à l’Ecole nationale des chartes – PSL
  • 12 mai | 14h-17h : Rencontre avec Michaël Ferrier à l’Ecole Normale Supérieure – PSL (reportée ultérieurement)

Calendrier 2023-2024

  • 23 septembre 2023 | 20h45 : projection de « La rivière » de Dominique Marchais, à à l’École normale supérieure – PSL (Biennale « Nous ! le vivant »)
  • 20 octobre 2023 | 14h30-17h : Rencontre avec Aurélien Peilloux, à la Fémis
  • 25 janvier 2024 | 18h-20h : Rencontre avec William Kentridge et Judith Butler à l’École normale supérieure – PSL
  • 8 mars 2024 | 14h-17h : Céline Gailleurd et Olivier Bohler à l’École normale supérieure – PSL
  • 26 avril 2024 | 14h-17h Olivia Rosenthal, au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique – PSL
  • 7 juin 2024 | 14h30-17h : Matali Crasset à l’Ecole des Arts Décoratifs

Séance inaugurale : Rencontre avec l’historien Patrick Boucheron et l’auteur et metteur en scène Mohamed El Khatib

Vendredi 28 mai 2021, La Fémis, salle Jean Renoir.

Les deux invités évoquent leurs pratiques croisées de recherche et de création, à partir de leur spectacle Boule à neige, créé en 2020 dans le cadre du Festival d’automne. Ils seront en dialogue avec des membres du laboratoire SACRe. « Passant du théâtre documentaire au théâtre anatomique, l’historien Patrick Boucheron et l’auteur-metteur en scène Mohamed El Khatib se livrent à une auscultation minutieuse de la boule à neige. Cet objet modeste, qui pose avec éminence la question du kitsch, dévoile ici une myriade de récits qui appellent des interrogations plus universelles. Avec tendresse et méticulosité, les performers entreprennent de faire parler ces petits globes, qu’eux-mêmes ont recueillis un peu partout auprès de leurs collectionneurs, pour nous révéler une histoire naturelle de ces mondes que l’on met sous cloche. Car la boule à neige est avant tout un théâtre, un théâtre miniature qui tient dans la main et regorge d’histoires. » (Festival d’Automne).

Intervention d’Alice Lescanne (Docteure SACRe-ENSBA).

Rencontre avec le metteur en scène et scénographe Philippe Quesne

Vendredi 26 novembre 2021, École nationale supérieure des Arts Décoratifs, Amphithéâtre Rodin.

Pour cette première séance du programme 2021-2022 des Rencontres SACRe, Philippe Quesne est invité par Antoine de Baecque (ENS-PSL) et Barbara Turquier (La Fémis) à dialoguer autour des pratiques de recherche et de création dans son travail de metteur de scène. La discussion se poursuivra avec Marianne Bras, étudiante en quatrième année au sein du département de scénographie à l’Ensad, et Jules Bisson, élève du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique au sein du cursus « Jouer et mettre en scène ».

Rencontre avec la cinéaste Eliza Levy et l’anthropologue Philippe Descola

Vendredi 17 décembre 2021, Ecole Normale Supérieure – PSL, Amphithéâtre Jourdan.

La rencontre – animée par Antoine de Baecque (ENS-PSL), Barbara Turquier (La Fémis), Léandre Bernard-Brunel doctorant SACRe (ENSBA) et Jean-Robert Dantou doctorant SACRe (ENS-PSL) – sera précédée par la projection du film Composer les mondes (2020, 70 minutes), un film écrit, tourné et réalisé par Eliza Levy sur la pensée de Philippe Descola :

A partir d’où repenser notre monde pour le transformer ? Philippe Descola a consacré sa vie d’anthropologue à étudier comment les humains composaient leurs mondes ; parti d’Amazonie il a tourné son champ de recherche vers l’Europe, afin de comprendre comment nous, les modernes, avions pu rendre la terre de moins en moins habitable. Le film l’emmène incarner ses idées, en dialogue avec les non-humains tout autour de nous, au cœur d’une expérience sociétale unique au monde, en France, à Notre-Dame-des-Landes. Là, sur et avec la terre sauvée du béton, en lieu et place d’un aéroport pharaonique, se déploie une nouvelle composition du monde.

Rencontre avec Céline Sciamma et Laura Mulvey

Vendredi 18 mars 2022, la Fémis, salle Jean Renoir.

Dans le cadre des Rencontres SACRe, programmation mensuelle dédiée au dialogue entre recherche et création, La Fémis accueillera Laura Mulvey, théoricienne féministe du cinéma et cinéaste, en dialogue avec Céline Sciamma, réalisatrice et scénariste. L’échange sera modéré par Chloé Lavalette (doctorante SACRe-ENS), Barbara Turquier (La Fémis). Le concept de « male gaze », proposé par Laura Mulvey en 1975 dans son article « Plaisir visuel et cinéma narratif », a connu un nouvel essor en France et nourri le débat sur le cinéma et les séries contemporaines, dans le contexte du renouveau de la pensée féministe et du mouvement #metoo. Comment sortir du « male gaze » ? Quelles alternatives construire au regard objectivant porté sur le corps des femmes ? Quels échos peut-on tracer entre la 2e vague du féminisme des années 1970 et le contexte actuel, du point de vue de la pratique et de la pensée du cinéma ? Comment conjuguer liberté artistique et conscience politique ? Laura Mulvey et Céline Sciamma échangeront autour des confluences entre pratique cinématographique, pensée critique et engagement militant, des années 1970 à aujourd’hui.

Présentation des intervenantes :

Laura Mulvey est l’autrice de Visual and Other Pleasures (Palgrave Macmillan, 1989), Citizen Kane (Bloomsbury, 1992), Fetishism and Curiosity (Bloomsbury, 1996), Death 24x a Second: Stillness and the Moving Image (Reaktion Books, 2006) et Afterimages: On Film, Women and Changing Times (Reaktion Books, 2019). L’essai « Plaisir visuel et cinéma narratif » est publié en français par les éditions Mimésis en 2017 dans l’ouvrage Au-delà du Plaisir Visuel. Mulvey a réalisé six films en collaboration avec Peter Wollen, parmi lesquels Riddles of the Sphinx (1977), chef-d’œuvre expérimental qui explore l’imbrication du domestique et du politique, et Frida Kahlo & Tina Modotti (1983), qui soulève la question de la marginalité politique et porte une attention à la fois personnelle et révolutionnaire au travail des deux artistes. Avec Mark Lewis, artiste et cinéaste, elle a tourné Disgraced Monuments (1994) et 23 August 2008 (2013). Elle enseigne à Birkbeck College, université de Londres.

Céline Sciamma est scénariste et réalisatrice, diplômée de La Fémis. Elle a réalisé Naissance des pieuvres (2007), Tomboy (2011), Bande de filles (2014), Portrait de la jeune fille en feu (2019) et Petite maman en 2021 et a écrit le scénario du film Ma Vie de courgette.

Elle a obtenu le César de la meilleure adaptation en 2017 pour Ma vie de Courgette, et a obtenu en 2019 le prix du meilleur scénario au Festival de Cannes et Prix du cinéma européen pour Portrait de la jeune fille en feu.

Chloé Lavalette est comédienne et doctorante en Etudes théâtrales à l’ENS-PSL au sein du parcours doctoral SACRe. Sa thèse vise à proposer des perspectives pour l’analyse de la nudité sur les scènes théâtrales et chorégraphiques contemporaines.

La captation de cette rencontre est en deux parties, et partiellement en anglais non sous-titré.

Rencontre SACRe avec l’historien Guillaume Mazeau et la dramaturge Marion Boudier

Mercredi 25 mai 2022 à l’Ecole nationale des Chartes – PSL, Salle Delisle.

Ça ira (1) Fin de Louis, spectacle de Joël Pommerat créé à l’automne 2015, tente de rendre compte du processus révolutionnaire, observant les mécanismes qui régissent les pouvoirs, insistant sur la dimension collective de l’action politique, saisissant les éclats de la conflictualité dans l’histoire.

Comment les révolutionnaires ont-ils appris l’exercice du pouvoir ? Quelle furent les tensions organisant leurs enthousiasmes et leurs controverses ? Avec ce spectacle, Joël Pommerat et son équipe ont conçu une frontalité simple, qui met la parole de l’acteur au centre et la renvoie à une large assemblée de spectateurs, mimant les conflits et rejouant les alliances, tandis que le travail d’écriture du plateau, comme l’élaboration des personnages, sont constamment documentés par les archives, les discours et les enjeux d’époque. C’est alors que ces improvisations s’imposent, afin de « reconstituer une réalité dont nous n’avons pas été témoins » (Joël Pommerat).

Lors de cette Rencontre SACRe, l’historien Guillaume Mazeau (MCF, Paris 1) et la dramaturge Marion Boudier (MCF, Amiens), collaborateurs associés par Joël Pommerat à cette création, expliquent la fabrique du spectacle, éclairent la construction d’une pièce dont le sujet est la politique, et évaluent ainsi la part la plus créatrice de leurs propres recherches quand elles rencontrent le travail de plateau.

Rencontre SACRe avec le cinéaste et metteur en scène Marcus Lindeen

Vendredi 14 octobre 2022, à la Fémis, salle Renoir.

Marcus Lindeen est un auteur, réalisateur et metteur en scène suédois basé à Paris. Formé au journalisme de radio et à la mise en scène, il élabore ses pièces et films à partir d’un minutieux travail de recherche et d’entretiens. Depuis ses débuts en 2006 avec la pièce de théâtre et le film documentaire, Regretters, il a réalisé quatre films et sept pièces de théâtre. Parallèlement, il mène actuellement une thèse de recherche-création à l’Université des Arts de Stockholm autour de l’utilisation de la conversation comme format pour la mise en scène de théâtre. Marcus Lindeen est artiste associé au Piccolo Teatro de Milan.

Marianne Ségol-Samoy est traductrice et dramaturge, et elle est, avec Marcus Lindeen, artiste associé à la Comédie de Caen, CDN de Normandie. Ensemble, ils dirigent la compagnie de théâtre Wild Minds, basée à Paris.

Lors de cette rencontre, Marcus Lindeen et Marianne Segol-Samoy évoqueront notamment la « Trilogie des identités », trois pièces présentées en octobre au T2G dans le cadre du Festival d’Automne à Paris. Il s’agira d’interroger les formes de ce théâtre documentaire et l’articulation avec une démarche de recherche.

Trilogie des identités

« Créées sur une période de quinze ans, ces trois pièces nous entraînent dans les méandres de nos mondes intérieurs, dans l’aventure intime et souvent vertigineuse de personnes en quête d’elles-mêmes. Comment rendre compte des multiples identités qui nous composent ? Avec la collaboration artistique de la dramaturge Marianne Ségol-Samoy et du compositeur Hans ­Appelqvist, Marcus Lindeen met en scène la parole de personnes aux destins hors du commun dans un dispositif scénique dépouillé, où le public, entourant les acteurs, paraît convié à une discussion intime. Orlando et Mikael revisite la première pièce créée par Marcus Lindeen en 2006 qui donnait voix à deux personnes évoquant leur opération de réassignation de genre et questionnant leur choix irrévocable. Les personnages de Wild Minds souffrent pour leur part d’un « trouble de la rêverie compulsive » et se livrent à une thérapie de groupe fantasmée. Enfin, les héros de L’Aventure invisible ont vécu une expérience ayant fait vaciller leur identité et ont dû se réinventer un destin. Trois explorations fascinantes de notre capacité de transformation. »

Rencontre SACRe  avec les artistes Joana Hadjithomas et Khalil Joreige

Vendredi 25 novembre 2022, à l’Ecole Normale Supérieure – PSL, salle Dussane.

Depuis une vingtaine d’années, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige arpentent les territoires de l’art, entre cinéma, vidéo, photographie, écriture, installation, à partir de leur ville natale, Beyrouth, capitale cosmopolite d’un pays qu’ils ont souvent connu en ruines. Ils ont commencé leur pratique artiste à la suite de la longue guerre civile libanaise, puis ont suivi les soubresauts de cette histoire. S’inspirant et collectant des documents trouvés, d’archives personnelles, de témoignages, de traces du passé, leur travail tente de révéler les non-dits de l’histoire, déplaçant le regard vers la fabrication des images et des représentations façonnant l’histoire politique de leur pays.

Aussi, une puissante cohérence organise leurs travaux, tissant des liens entre la fiction et l’histoire, pointant l’importance de la construction des imaginaires et des représentations du passé, soulignant la résistible émergence de l’individu au sein de la société communautaire, cherchant les traces de l’invisible et des absents dans les images.

Proches de Bruno Latour, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige ont collaboré à l’Ecole des arts politiques (SPEAP), œuvrant au cœur des liens entre recherches et création.

Principales œuvres : Wonder Beirut (1998), Khiam (2000), A Perfect Day (2005), Où sommes nous ? (2008), Je veux voir (2008), The Libanese Rocket Society (2013), Se souvenir de la lumière (2016), Memory Box (2021).

Rencontre SACRe  avec le metteur en scène Stefan Kaegi

Vendredi 3 février 2023, au CNSAD-PSL, salle Touchard.

L’artiste suisse Stefan Kaegi est une des figures majeures du théâtre européen. Avec le collectif Rimini Protokoll, il a contribué à élargir la notion de « théâtre documentaire » en tentant de dépeindre la réalité sous toutes ses facettes, notamment en faisant appel dans les dispositifs et la préparation de ses spectacles à des « expert·e·s du quotidien ». Ses spectacles font ainsi sortir le théâtre de ses murs, allant à la rencontre de l’espace urbain, du studio radiophonique comme des nouveaux réseaux de la mondialisation. Stefan Kaegi a créé Mnemopark (2006), Radio Muezzin (2008), Airport Kids (2008), Remote X (2011), spectacle déambulatoire, Situation Rooms (2014), Nachlass – Pièces sans personnes (2016). Kaegi invente des dispositifs étonnants, très politiques, souvent immersifs. Passionné par la globalisation, ses formes, ses effets et les mutations qu’elle entraîne, le collectif Rimini Protokoll y plonge pour repêcher des singularités, des particularismes, des idiosyncrasies, des dysfonctionnements. Rimini Protokoll a reçu le prix du théâtre Faust en 2007, le prix européen New Realities in Theatre en 2008 et en 2011 le lion d’argent à la Biennale de Venise.

Rencontre SACRe avec la metteuse en scène Fanny de Chaillé

Vendredi 31 mars 2023, à l’Ecole nationale des Chartes – PSL, salle Delisle.

Après des études artistiques et philosophiques à la Sorbonne, Fanny de Chaillé travaille avec Daniel Larrieu au Centre chorégraphique national de Tours. A partir de 2003, elle développe un travail pour le théâtre avec les pièces Underwear, Pour une politique du défilé, Ta ta ta (2005) et Gonzo Conférence (2007). Elle collabore avec l’écrivain Pierre Alferi, notamment pour Les Grands (2017), présenté au Festival d’Automne, où elle interroge le statut d’adulte. Depuis 2014, Fanny de Chaillé est artiste associée à la Scène nationale Chambéry où elle a créé une pièce destinée aux amphithéâtres d’universités : Désordre du discours (2019), d’après la leçon inaugurale de Michel Foucault au Collège de France. Récemment, elle a mis en scène Une autre histoire du théâtre (Festival d’automne 2022), proposant une vision plus indisciplinée de la scène des arts vivants, ou comment la transdisciplinarité a révolutionné les plateaux et les regards, a permis à de nouveaux récits de trouver leur place. Fanny de Chaillé fait de la scène un lieu où les idées circulent, où les arts se croisent, où les corps fabriquent la pensée.

La rencontre est animée par Antoine de Baecque (ENS-PSL) et Barbara Turquier (La Fémis), avec Zoé Brioude (ENS-PSL) et William Ravon (ENS-PSL).

Rencontre SACRe avec  Judith Butler et William Kentridge

Jeudi 25 janvier 2024 à l’ENS-PSL, salle Dussane.

Une rencontre organisée à l’ENS-PSL par l’UAR 3608 République des savoirs, en lien avec les départements de philosophie et des arts de l’ENS-PSL, le programme doctoral SACRe, et en partenariat avec le Centre Pompidou.

Comment figurer et penser les violences insupportables dont l’histoire coloniale est tissée ? Quelles formes de résistance et de solidarité peuvent émerger en réponse à des injustices répétées ? Comment des pratiques artistiques qui déjouent les récits traditionnels et les formes de figuration préétablies permettent-elles de répondre aux apories de la mémoire individuelle et collective et aux vicissitudes de l’histoire ?

Telles sont les questions qu’aborderont Judith Butler, philosophe originaire des Etats-Unis, et William Kentridge, artiste sud-africain, en se référant à l’histoire de l’Afrique du Sud, lors d’une conversation exceptionnelle à l’Ecole normale supérieure.

Judith Butler est philosophe, originaire des Etats-Unis, et professeur à l’Université de Californie à Berkeley. Son travail, né d’une réflexion originale sur le genre et la sexualité dont témoigne son ouvrage Trouble dans le genre (1990) s’est ensuite élargi à des thématiques contemporaines relatives à la précarité des vies, à l’exigence de la non-violence, aux conditions de l’égalité ou encore à l’interdépendance entre les vivants. Ses publications les plus récentes incluent Ce qui fait une vie (La Découverte, 2010), Rassemblement (Fayard, 2016), La Force de la non-violence (Fayard, 2021), Le vivable et l’invivable, en conversation avec Frédéric Worms (PUF, 2021), et enfin Dans quel monde vivons-nous ? Phénoménologie de la pandémie (Flammarion, 2023).

William Kentridge est un artiste sud-africain majeur dont le travail mêle le dessin, la gravure, le film d’animation, le théâtre, l’opéra et la performance. Multipliant les formes d’intervention et les modalités de collaboration, ses œuvres ont été montrées dans les plus grands musées et festivals internationaux, dont la documenta de Kassel, la Biennale de Venise, le festival d’Aix-en-Provence ou encore le festival d’Automne à Paris. Marqué par l’héritage du colonialisme et de l’apartheid en Afrique du Sud, le travail de William Kentridge explore les thématiques de la violence, de l’injustice et de la résistance.

Rencontre SACRe avec la designer Matali Crasset

Vendredi 7 juin 2024 à l’ENSAD-PSL, Amphithéâtre Rodin.

Matali Crasset affectionne la définition du design développée par l’anthropologue Marc Augé : « Le design, c’est de l’anthropologie appliquée ».
Selon elle, « le design c’est réinjecter un potentiel de vie à travers des espaces et des objets, qui en eux-mêmes ne sont pas une finalité, mais qui permettent d’enrichir le vécu et de créer du singulier. Ils sont porteurs d’une intention, qui est de restaurer le vivre ensemble, le commun, le partage, des structures évolutives, appropriables, etc. ».

En 2022, dans Matrices (les presses du réel), essai écrit avec le designer-chercheur associé à EnsadLab David Bihanic, elle propose une approche du projet qui, comme celle de tout designer ou chercheur, doit inciter à des modes de vie respectueux et être partie prenante du monde vivant.
Déjà en  1991, La trilogie domestique, son projet de diplôme fondateur à l’Ensci propose une recherche et une réflexion sur la technologie autour de la lumière, la chaleur et l’eau. Oublier la boîte noire : rendre la technologie visible et compréhensible.

Depuis la fin des années 1980, et en 2024 avec le projet Le temps de la communauté , CAMPEGGI,  Matali Crasset  milite pour des objets nomades, empilables, transformables, qui s’adaptent à nos scénarii de vie, qui permettent aux espaces des configurations renouvelées et en mouvement.

La rencontre est animée et modérée par Patrick Renaud (designer et responsable du groupe Symbiose, EnsadLab), Léonard Bayeurte (doctorant SACRe, EnsadLab), Léa Tricaud (Symbiose, EnsadLab).