Rencontre SACRe avec l’écrivain Michaël Ferrier, à l’ENS-PSL (salle Weil), de 14h à 17h.
Né à Strasbourg, avec un grand-père mauricien et une grand-mère indienne, Michaël Ferrier a passé son enfance en Afrique (Tchad notamment), dans l’océan Indien (Madagascar, la Réunion) et à Saint-Malo. Après l’École normale supérieure, l’agrégation et un doctorat de lettres, il vit depuis trente ans à Tokyo où il enseigne la littérature à l’université Chuo, dont il est professeur.
Il est l’auteur de Tokyo. Petits portraits de l’aube (Gallimard, 2004, Prix littéraire de l’Asie), Fukushima, récit d’un désastre, dont le récit revient sur la catastrophe nucléaire qui a frappé le Japon en 2011. Ses textes mêlent récit, fiction, autobiographie et essai de manière indémêlable. Dans Sympathie pour le fantôme (Gallimard, Prix littéraire de la Porte Dorée en 2011), l’écrivain choisit de libérer l’histoire nationale du récit officiel pour la raconter à travers trois figures oubliées : Ambroise Vollard, marchand d’art réunionnais, découvreur de Van Gogh ; Jeanne Duval, la « Vénus noire » inspiratrice de Baudelaire ; et Edmond Albius, enfant esclave de l’île Bourbon devenu le « marieur de fleurs », qui découvrit comment féconder artificiellement la vanille. Avec cette trinité, « Tout le passé revient, impur : un passé métissé de différents passés, de différentes cultures. Sous toutes ses différentes formes, un passé non conforme. »
Il publie ensuite Mémoires d’outre-mer en 2015 (Gallimard, Prix Franz Hessel), François, portrait d’un absent (Gallimard, 2018, Prix Décembre), puis Scrabble. Récit d’une enfance tchadienne (Mercure de France, 2019).
Michaël Ferrier passe du journal intime au pamphlet, de la biographie au récit de voyage, du roman à la poésie. La langue y est tour à tour brutale, abrupte, drôle, jouissive. Éloge par les mots de la diversité, il s’agit de « redonner vie à ce feuilletage qui forme la nation française. Alors, les époques se télescopent. Alors le pluriel revient, dans le lieu, dans la langue et dans les mémoires. »
Fondé sur le « paradigme du corail » et l’« inspiration calligraphique », le travail de Michaël Ferrier cherche aussi « à forger et à penser l’écriture au niveau de sa création ». Cette réflexion sur la création verbale cherche à placer documents, archives, formes de l’enquête à partir de témoignages et de souvenirs, aux origines de l’écriture. Cette recherche parcourt également Dans l’œil du désastre : créer avec Fukushima (éd. Thierry Marchaisse, 2021), livre qu’il a dirigé et réunit les expériences et les réflexions d’artistes confrontés à la catastrophe.
En 2012, Michaël Ferrier a obtenu le prix Edouard Glissant pour l’ensemble de son œuvre.
La rencontre sera modérée par Antoine de Baecque (ENS-PSL), Elodie Royer (doctorante SACRe-ENS) et Capucine Ruillère (Master ENS-PSL).