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Soutenance de thèse – Jean-Robert Dantou (SACRe-ENS)

La soutenance de thèse aura lieu mardi 11 juin 2024 à 14h à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, au 14 rue Bonaparte (75006).

La soutenance est accompagnée d’une exposition intitulée « À balles réelles, Tonnerre 2017-2022 », dont le vernissage se tiendra le samedi 1er juin à partir de 15h, à l’Hôtel Cœurderoy (22 rue Rougemont – 89 700 Tonnerre).

Exposition du 1er au 29 juin 2024
Visite presse le jeudi 30 mai à 14h30 en présence de l’artiste
Vernissage le samedi 1er juin à partir de 15h

Dossier de presse ici

Composition du jury :

  • Nicolas Renahy, Directeur de recherche, INRAE
  • Arno Gisinger, Maître de conférences, Université Paris 8
  • Corinne Gaudart, Directrice de recherche, CNAM
  • Nathalie Delbard, Professeur des universités, Université de Lille
  • Florence WEBER, Professeur des universités, ENS
  • Philippe Askenazy, Directeur de recherche, ENS
  • Christian Joschke, Maître de conférences, ENSBA

Résumé de la thèse

Tonnerre est un bourg rural d’environ 4500 habitants situé dans le département de l’Yonne, à environ deux heures de train de Paris. En une vingtaine d’années, entre les années 1990 et 2010, la ville passe du statut de ville industrielle à celui de ville désindustrialisée, avec pour conséquence un décrochage économique, démographique et social : 1500 emplois industriels sont supprimés, la commune perd le quart de sa population entre 2000 et 2020, le nombre de logements vacants double, de même que le nombre de personnes bénéficiant de l’Allocation Adulte Handicapé. Pour faire face au vide laissé par les départs, les bailleurs locaux, privés ou publics, mettent en œuvre des dynamiques de remplissage visant à trouver des locataires, même venant de loin. Ces dynamiques endogènes rencontrent des dynamiques de relégation, en partie extérieures au territoire : des hôpitaux psychiatriques, des communes, des prisons, des CHRS, cherchent des places pour des personnes en situation de précarité. À partir d’un corpus de plusieurs milliers de photographies documentaires et d’une quarantaine d’entretiens menés auprès de professionnels et de personnes déplacées, cette thèse vise à décrire, depuis un point d’arrivée, les trajectoires résidentielles et les logiques institutionnelles de différentes filières d’arrivée, afin de comprendre ce que cela fait à des personnes précarisées d’être déplacées dans une ville dont elles ignoraient jusqu’alors l’existence.

Partant de cette question sociologique depuis la photographie documentaire, l’enquête ethnographique menée dans la ville de Tonnerre entre 2017 et 2022 ouvre des perspectives épistémologiques : à quelles conditions la photographie documentaire pourrait-elle prétendre constituer un outil scientifique fiable ? La recherche, expérimentale et inductive, revêt alors un objectif double : les matériaux produits sur le terrain servent à la fois à comprendre les déplacements de personnes précarisées depuis un territoire vers un autre, et en même temps à comprendre la photographie documentaire elle-même. La thèse, composée à la fois d’un écrit théorique et d’une exposition, propose d’une part une analyse sur la dimension spatiale des inégalités sociales et d’autre part un ensemble de propositions théoriques et méthodologiques pour armer la photographie documentaire et plaider pour qu’elle devienne une discipline à part entière dans le champ des sciences sociales.

Mots-clés : relégation, inégalités, territoire, déplacements, psychiatrie, pauvreté, méthode, ethnographie, photographie, réflexivité